lundi 14 avril 2014

DECATHLON veut bien partager vos idées, pas sa part de marché

Nous connaissions DECATHLON adepte du greenwashing (écoblanchiment, verdissage de son image par une entreprise) et du fairwashing (blanchissement éthique, maquillage de justice sociale). 

L'entreprise qui innove a ajouté une troisième corde à son art d'enfumer la clientèle : l'openwasching, le blanchiment collaboratif, maquillage de co-création et de partage. 


A bas la propriété intellectuelle !

Avec
ses « objets connectés », DECATHLON a trouvé un moyen pour rendre sa clientèle dépendante en la « branchant » à ses bases de données afin qu'elle puisse mesurer et comparer ses performances.
Lire
Objets connectés : un monde où chacun se mesure pour Decathlon (La Rev
ue du Digital)

Une branchitude et une modernitude qui ont séduit l'Agglo et la mairie de Saint-Jean-de-Braye.

L'entreprise va encore plus loin pour s'attacher sa clientèle : elle veut la faire participer au processus d'élaboration de ses produits.
Lire Decathlon : « la co-création, on apprend en marchant » (La Revue du Digital)

Pour rétribuer ses
« collaborateurs », DECATHLON a mis en place un astucieux système de gratifications, de points à gagner transformables en argent. Un pas vers le vieux rêve entrepreneuriale : faire de l'argent en se passant des salariés qui minent le dynamisme de l'entreprise comme chacun sait.

Et un responsable peut ajouter fièrement qu'il n'y a pas de brevet possible.

Les participants peuvent-ils réclamer une propriété intellectuelle ? Il ne peut pas y avoir de dépôt de brevet déclare le responsable. « Un brevet doit être secret et nouveau, nous, tout est sur la place publique, il n’y a plus de secret, donc plus de brevet, sachant que le contributeur nous autorise à créer le produit, et que nous aussi on s’engage, on paie, et tant pis si on échoue,» déclare-t-il (article cité).
A bas la propriété intellectuelle ! 

On crée tous ensemble et on partage les bénéfices ? 

Ce serait aller un peu vite. Ceux qui ont cru que DECATHLON avait viré sa cuti et s'ouvrait au monde du partage vont devoir déchanter car seules les petites innovations sont concernées par la plateforme de co-création :
Il ajoutera plus tard, en aparté, que la plateforme doit pouvoir servir à améliorer les produits existants, citant l’exemple de la couture mal placée sur un vêtement et qui gratte et qu’il faut déplacer (article cité).
On imaginait mal Decathlon-Oxylane se passer de l'arme absolue du brevet dans sa guerre contre la concurrence.
La nouvelle plate-forme « collaborative » n'est donc qu'un trompe-l’Å“il de plus, un moyen tapageur d'attirer et de fixer la clientèle en distribuant des points bonus.
Avec pour unique objectif le gain de nouvelles parts de marché, la réduction de la concurrence à zéro, y compris le petit commerce de proximité.

Chiffres d'affaires 2011 en milliards d'euros.
Estimation : Decathlon (le groupe Mulliez) ne communique pas le chiffre d'affaires France
.

Source du graphique : Comment Intersport espère détrôner Décathlon (L'Express, L'Expansion)

Y a -t-il trop de grandes surfaces ?

En février 2011, la Tribune d'Orléans titrait sur sa une numérique : « Y a -t-il trop de grandes surfaces ? ». Le sénateur PS Jean-Pierre SUEUR répondait ainsi à la question :
« Il faut un juste équilibre entre les commerces de centre-ville et les grandes surfaces, or l’application de la loi de modernisation de l’économie (LME) a été désastreuse »

Nous ajoutons donc deux questions à celles auxquelles Jean-Pierre Sueur n'a toujours pas répondu :

  • faut-il favoriser les entreprises qui multiplient les innovations inutiles, couteuses, nuisibles pour l'environnement dans l'unique but de conforter leur position dominante sur le marché ?
     
  • ou bien  les pouvoirs publics doivent-ils veiller « au juste équilibre » et empêcher la grande distribution de se tailler la part du lion sur le marché local ? Comme DECATHLON cherche à le faire sur l'agglomération d'Orléans avec la bénédiction de l'Agglo et de la mairie de Saint-Jean-de-Braye ?


Dernière minute : alors que nous terminions cet article, le groupe Decathlon-Oxylane mettait en ligne un communiqué de presse à la gloire de ses résultats 2013...Mais sans dire qu'il paie ses salariés avec un lance-pierres.

Le communiqué de presse vante « une relation client renforcée via l’innovation ». Dans le but d'aider le maire de Saint-Jean-de-Braye à trouver des arguments ?leBlogger